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HISTOIRE DE FRANCE

plexe, si vaste, si laborieuse, n’eût enfanté que le néant. Une si immense volonté fût restée sans résultat. Quoi de plus décourageant pour la pensée humaine ?

Ces esprits trop prévenus ont seulement oublié deux choses, petites en effet, qui appartiennent à cet âge plus qu’à tous ses prédécesseurs : la découverte du monde, la découverte de l’homme.

Le seizième siècle, dans sa grande et légitime extension, va de Colomb à Copernik, de Copernik à Galilée, de la découverte de la terre à celle du ciel.

L’homme s’y est retrouvé lui-même. Pendant que Vesale et Servet lui ont révélé la vie, par Luther et par Calvin, par Dumoulin et Cujas, par Rabelais, Montaigne, Shakespeare, Cervantès, il s’est pénétré dans son mystère moral. Il a sondé les bases profondes de sa nature. Il a commencé à s’asseoir dans la Justice et la Raison. Les douteurs ont aidé la foi, et le plus hardi de tous a pu écrire au portique de son Temple de la Volonté : « Entrez, qu’on fonde ici la foi profonde. »

Profonde en effet est la base où s’appuie la nouvelle foi, quand l’antiquité retrouvée se reconnaît identique de cœur à l’âge moderne, lorsque l’Orient entrevu tend la main à notre Occident, et que, dans le lieu, dans le temps commence l’heureuse réconciliation des membres de la famille humaine.