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INTRODUCTION 27

anéanti l’énergie. Quand le roi voulut être un roi, il se trouva le roi du vide.

En sorte que cette longue abdication au profit de la royauté n’aboutissait qu’à la rendre impuissante elle-même.

Par quels circuits infiniment longs, tortueux, obscurs, devait-on, de ce désert d’hommes, revenir à la vie nouvelle qui recommencerait un monde ? Personne ne pouvait le prévoir. Et, en attendant, les meilleurs, les plus fiers se décourageaient. Du règne de la platitude, de jeunes et vigoureux esprits se rejetaient sur l’impossible, sur la noble, l’héroïque, l’irréalisable antiquité. Le célèbre ami cle Montaigne, La Boétie, magistrat, homme du roi, écrit le Contr un. Violent, douloureux petit livre, qui, d’ensemble, efface tout le Moyen-âge, le dédaigne plutôt, l’oublie, disant en substance le mot de Saint-Just : « Le monde est vide depuis les Romains. »

§ VI. — De la création du peuple des sots.

L’antiquité, clans l’esclave et le maître, eut le stupide et l’insensé. Le Moyen-âge monastique eut un monde d’idiots. Mais le sot est une créature essentiellement moderne, née des écoles du vide et de la suffisance scolastique ; il a fleuri, multiplié dans les classes si nombreuses où la vanité prétentieuse se gonfle de mots, se nourrit de vent.

L’académie, le barreau, la littérature, le gouverne-