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74 HISTOIRE DE FRANCE

§ XII. — La farce de Pathelin. — La bourgeoisie. — L’ennui.

L’œuvre saillante du quinzième siècle, la forte et vive formule qui le révèle tout entier, le perce de part en part : c’est la farce de Pathelin, publiée tout récemment par le très habile éditeur qui déjà nous avait donné le Chant de Roland.

Le critique, d’une main sûre, a touché le premier et le dernier monument du Moyen-âge ; celui-ci, non moins important, non moins expressif. Fait pour un âge de fripons : Pathelin en est le Roland, la Marseillaise du vol.

L’avocat dupe le marchand, le renvoie payé de grimaces, de la farce sacrilège d’une agonie bien jouée. Mais lui-même, le fin et l’habile, il est dupé par le simple des simples, le bon, l’ignorant Agnelet, pauvre berger qui le paye d’une monnaie analogue, parlant comme ses moutons, bêlant dès qu’il s’agit d’argent, et ne sachant dire que Bèf

Noble enseignement mutuel de la bourgeoisie au peuple. Celui-ci n’est pas si grossier que, sur ces modèles honorables de l’avocat, du marchand, il ne puisse devenir escroc.

L’éditeur, François Génin, veut que Pathelin ait pour auteur l’écrivain auquel nous devons le roman le plus répandu du siècle, le Petit Jehan de Saintré. Peu importe. Ce qui est sur, c’est que ce roman éclaire l’abaissement de la noblesse aussi bien que Pathelin a exprimé la bassesse du peuple et de la bourgeoisie