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CHARLES IX C0NTRE PHILIPPE II

semble une aimable naïveté gauloise et donne un faux air de vieille franchise.

Mais le même écrivain se met en contradiction directe avec les actes, quand il ajoute : « On admire la pensée infatigable qui dirige tout le mouvement de cette époque, que les ambassadeurs interrogent comme l’âme de cette politique, devant laquelle s’incline le conseil de Philippe II », etc. Tout au contraire, on voit que le conseil de Philippe II (le modéré Granvelle comme le violent duc d’Albe) est unanime dans son opinion sur la reine mère, et, loin de s’incliner devant elle, ne la nomme jamais qu’avec mépris.

Ce n’est pas que ces politiques soient tombés dans l’erreur des écrivains protestants, qui ont accumulé sur elle tous les crimes de l’époque. Ils la connaissaient mieux, sachant parfaitement qu’elle avait très peu d’initiative, nulle audace, même pour le mal. Elle suivait les événements au jour le jour, accommodant son indifférence morale, sa parole menteuse et sa dextérité à toute cause qui semblait prévaloir. Ainsi, quoiqu’à la suite, elle influa infiniment. Seule elle était laborieuse, seule avait une plume facile, toujours prête et toujours taillée. A la tête des Laubespin, des Pinart et des Villeroy, et autres secrétaires français, à la tête des Gondi, des Birague et autres secrétaires italiens, il faut placer cet intarissable scribe femelle, Catherine de Médicis. Elle écrivaille toujours. S’il n’y a pas de dépêche à faire, elle se dédommage en écrivant des lettres de politesse, de