Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/178

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pas militaire, comme il l’est devenu plus tard. Une armée entourait Versailles, allemande et suisse en partie (neuf régiments au moins sur quinze) ; une batterie de canons était devant l’assemblée… La gloire du grand logicien qui formula la pensée nationale, la gloire de l’assemblée qui accepta la formule, fut de ne rien voir de cela, mais de croire à la logique et d’avancer dans sa foi.

La cour, très irrésolue, ne sut rien faire que s’enfermer dans un dédaigneux silence. Deux fois le roi évita de recevoir le président des Communes ; il était à la chasse, disait-on, ou bien il était trop affligé de la mort récente du Dauphin. Et l’on savait qu’il recevait tous les jours les prélats, les nobles, les parlementaires. Ils commençaient à s’effrayer, ils venaient s’offrir au roi. La cour les écoutait, les marchandait, spéculait sur leurs craintes. Toutefois il était visible que le roi, obsédé par eux, leur prisonnier en quelque sorte, leur appartiendrait tout entier et se montrerait de plus en plus ce qu’il était, un privilégié à la tête des privilégiés. La situation devenait nette et facile à saisir ; il ne restait que deux choses : le privilège d’un côté et le droit de l’autre.

L’assemblée avait parlé haut. Elle attendait de sa démarche la réunion d’une partie du Clergé. Les curés se sentaient peuple et voulaient aller prendre leur vraie place à côté du peuple. Mais les habitudes de subordination ecclésiastique, les intrigues des prélats, leur autorité, leur voix menaçante ; la cour,