Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/281

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fini, la Révolution est finie, le roi est venu dans l’Assemblée, il a dit : « Je me fie à vous… » Cent députés partent en ce moment de Versailles, envoyés par l’Assemblée à la Ville de Paris.

Ces députés s’étaient mis sur-le-champ en route ; Bailly ne voulut pas dîner. Les électeurs eurent à peine le temps de courir à leur rencontre, comme ils étaient, en désordre, ne s’étant pas couchés depuis plusieurs nuits. On voulait tirer le canon ; il était encore en batterie, on ne put le faire venir. Il n’y en avait pas besoin pour solenniser la fête. Paris était assez beau de son soleil de juillet, de son trouble, de tout ce grand peuple armé. Les cent députés, précédés des Gardes-françaises, des Suisses, des officiers de la milice citoyenne, des députés des électeurs, s’avançaient par la rue Saint-Honoré au son des trompettes… Tous les bras étaient tendus vers eux, les cœurs s’élançaient… De toutes les fenêtres, les bénédictions, les fleurs pleuvaient, et les larmes…

L’Assemblée nationale et le peuple de Paris, le serment du Jeu de paume et la prise de la Bastille, la victoire et la victoire venaient s’embrasser !

Plusieurs députés baisèrent en pleurant les drapeaux des Gardes-françaises : « Drapeaux de la patrie ! disaient-ils, drapeaux de la liberté ! »

Arrivés à l’Hôtel de Ville, on fit asseoir au bureau La Fayette, Bailly, l’archevêque de Paris, Sieyès et Clermont-Tonnerre. La Fayette parla, froidement, sagement, puis Lally-Tollendal avec son entraînement irlandais, ses larmes faciles. C’était à cette même