Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/334

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communaux. Ils périrent. On cite encore plusieurs autres meurtres qui sans doute furent des vengeances.

L’armement général des villes fut imité par les campagnes. La prise de la Bastille les encouragea à attaquer leurs bastilles. Tout ce dont il faut s’étonner, quand on sait ce qu’ils souffraient, c’est qu’ils aient commencé si tard. Les souffrances, les vengeances, s’étaient accumulées par le retard, entassées à une hauteur effrayante… Quand cette monstrueuse avalanche, retenue longtemps à l’état de glace et de neige, fondit tout à coup, une telle masse déborda que son seul déplacement pouvait tout anéantir.

Il faudrait pouvoir démêler, dans cette scène immense et confuse, ce qui appartient aux bandes errantes de pillards, de gens chassés par la famine, et ce que fit le paysan domicilié, la commune contre le seigneur.

On a recueilli le mal soigneusement, le bien pas assez.

Plusieurs seigneurs trouvèrent des défenseurs dans leurs vassaux ; par exemple, le marquis de Montfermeil, qui, l’année précédente, avait emprunté cent mille francs pour les secourir. Les plus furieux eux-mêmes s’arrêtèrent quelquefois devant la faiblesse. En Dauphiné, par exemple, un château fut respecté, parce qu’on n’y trouva qu’une dame malade, au lit, avec ses enfants ; on se borna à détruire les archives féodales.