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mort, prophétisent la régénération de la nature humaine et la vie des nations[1] !… »

Belle parole, et d’un vrai prophète… Recueillons-la dans notre cœur, comme le trésor de l’espérance. Oui, ils ressusciteront !… La résurrection commencée sur les ruines de la Bastille, poursuivie la nuit du 4 août, manifestera au jour de la vie sociale ces foules qui languissent encore dans les ombres de la mort… L’aube vint en 1789 ; puis l’aurore commença, tout enveloppée d’orages ; puis l’éclipse noire et profonde… Le soleil n’en luira pas moins. Solem quis dicere falsum audeat ?

Il était deux heures de nuit quand l’Assemblée finit son œuvre immense et se sépara. Le matin (5 août), à Paris, Fauchet faisait en chaire l’oraison funèbre des citoyens tués devant la Bastille. Ces martyrs de la liberté venaient d’avoir, cette nuit même, dans la destruction de la grande Bastille féodale, leur palme et le prix de leur sang.

Fauchet trouva là encore des paroles d’éternelle mémoire : « Qu’ils ont fait de mal au monde, les faux interprètes des divins oracles !… Ils ont consacré le despotisme, ils ont rendu Dieu complice des tyrans. Que dit l’Évangile ? Il vous faudra paraître devant les rois ; ils vous commanderont l’injustice et vous leur résisterez jusqu’à la mort… Ils

  1. Imprimé à la suite de Dussaulx, Œuvre des sept jours. Il dit encore ailleurs admirablement : « Nous avons atteint le milieu des temps… Les tyrans sont mûrs… » (Voir ses trois discours sur la liberté, prononcés à Saint-Jacques, à Sainte-Marguerite et à Notre-Dame.)