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CHAPITRE VI

LE VETO


Difficulté des subsistances. — Combien la situation était pressante. — Le roi peut-il tout arrêter ? — Longue discussion du veto. — Projets secrets de la Cour. — Y aura-t-il une Chambre ou deux ? — L’école anglaise. — L’Assemblée avait besoin d’être dissoute et renouvelée. — Elle était hétérogène, discordante, impuissante. — Discorde intérieure de Mirabeau, son impuissance. (Août-septembre 1789.)


La situation empirait. La France, entre deux systèmes, l’ancien, le nouveau, s’agitait sans avancer. Et elle avait faim.

Paris, il faut le dire, vivait par hasard. Sa subsistance, toujours incertaine, dépendait de tel arrivage, d’un convoi de la Beauce ou d’un bateau de Corbeil. La Ville, avec d’immenses sacrifices, abaissait le prix du pain ; il en résultait que toute la banlieue, à dix lieues à la ronde et plus, venait se fournir à Paris. C’était tout un vaste pays qu’il s’agissait de nourrir. Les boulangers trouvaient leur compte à vendre sous main au paysan, et ensuite, quand le Parisien trouvait leur boutique vide, ils se rejetaient sur l’imprévoyance de l’administration qui n’approvisionnait pas