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entrer d’hommes ; elles avaient mis leurs sentinelles armées à la grande porte. À onze heures, les hommes attaquent la petite porte qui donnait sous l’arcade Saint-Jean. Armés de leviers, de marteaux, de haches et de piques, ils forcent la porte, forcent les magasins d’armes. Parmi eux se trouvait un Garde-française qui, le matin, avait voulu sonner le tocsin, qu’on avait pris sur le fait ; il avait, disait-il, échappé par miracle ; les modérés, aussi furieux que les autres, l’auraient pendu sans les femmes ; il montrait son cou sans cravate, d’où elles avaient ôté la corde… Par représailles, on prit un homme de la Ville pour le pendre ; c’était le brave abbé Lefebvre, le distributeur des poudres au 14 juillet ; des femmes ou des hommes déguisés en femmes le pendirent effectivement au petit clocher ; l’une ou l’un d’eux coupa la corde, il tomba, étourdi seulement, dans une salle, vingt-cinq pieds plus bas.

Ni Bailly ni La Fayette n’étaient arrivés. Maillard va trouver l’aide-major général et lui dit qu’il n’y a qu’un moyen de finir tout, c’est que lui Maillard mène les femmes à Versailles. Ce voyage donnera le temps d’assembler des forces. Il descend, bat le tambour, se fait écouter. La figure froidement tragique du grand homme noir fit bon effet dans la Grève ; il parut homme prudent, propre à mener la chose à bien. Les femmes, qui déjà partaient avec les canons de la Ville, le proclament leur capitaine. Il se met en tête avec huit ou dix tambours ; sept ou huit mille femmes suivaient, quelques centaines