Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/60

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femme et par elle l’enfant… Ceux qui lui sont le plus hostiles lui livrent ce qu’ils aiment et tout leur bonheur… On lui remet chaque jour l’homme enfant, désarmé, faible, dont l’esprit, à l’état de rêve, ne peut se défendre encore. Ceci lui donne bien des chances. Qu’il le garde et le fortifie, ce vaste, ce muet empire, qu’on ne lui dispute pas, sa part encore est la meilleure ; il gémira, se plaindra, mais se gardera bien de forcer les politiques à formuler leur croyance.

Politique des deux côtés ! connivence et connivence ! où me tournerai-je pour trouver les amis de la vérité ?

Les amis du saint et du Juste ?… Est-ce qu’il n’y aura plus donc en ce monde personne qui se soucie de Dieu ?

Enfants du Christianisme, vous qui vous prétendez fidèles, nous vous adjurons ici… Passer ainsi Dieu sous silence, omettre, en toute dispute, ce qui est vraiment la foi, comme chose trop dangereuse, scandaleuse pour l’oreille, est-ce de la religion ?

Un jour que je parlais, devant un de nos meilleurs évêques, de la lutte de la Grâce et de la Justice, qui est le fond même du dogme chrétien, il m’arrêta et me dit : « Cette question heureusement n’occupe plus les esprits. Là-dessus, nous jouissons du repos et du silence… Tenons-nous-y, n’en sortons point. Il est superflu de rentrer dans ce débat… »

Et ce débat, Monseigneur, n’est pas moins que la question de savoir si le dogme de la Grâce et du salut