Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/123

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Elle avait foi en elle-même. Beaucoup de ses membres croyaient sincèrement qu’eux seuls pouvaient sauver la France. Ils voulaient garder à tout prix la dictature de salut public qu’ils se trouvaient avoir en mains. D’autres, il faut le dire, n’étaient pas peu confirmés dans cette foi par leur instinct de tyrannie ; ils étaient rois de Paris par la grâce du 10 août, et rois ils voulaient rester. Ils disposaient de fonds énormes, impôts municipaux, fonds des travaux publics, subsistances, etc. Ils allaient recevoir le monstrueux fonds de police, de un million par mois, qu’avait voté l’Assemblée. On ne volait pas beaucoup encore en 1792, avant la démoralisation qui suivit les massacres de septembre. Il y avait chez tous une certaine pureté de jeunesse et d’enthousiasme ; la cupidité s’ajournait. Les plus purs toutefois maniaient volontiers l’argent ; ils l’aimaient, tout au moins, comme puissance populaire.

Donc, pour tant de raisons diverses, la Commune était parfaitement décidée à ne pas permettre l’exécution du décret de l’Assemblée, à se maintenir par la force. La situation de Paris, orageuse au plus haut degré, ne pouvait guère manquer de fournir des prétextes, des nécessités de désobéir.

Le 31 août, un mouvement avait eu lieu autour de l’Abbaye. Un M. de Montmorin ayant été acquitté, la foule, qui le confondait avec le ministre de ce nom, menaça de forcer la prison et de se faire justice elle-même.

Le 1er septembre, une scène effroyable eut lieu à