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heures), suspendit sa séance jusqu’à quatre et se dispersa. Il ne resta que le comité de surveillance, c’est-à-dire Panis, Marat, quelques amis de Marat.

Le comité, de bonne heure, put avoir connaissance des propositions de massacre faites dans plusieurs sections et de la résolution que deux sections venaient de prendre. Il agit en conséquence ; il ordonna ou permit la translation de vingt-quatre prisonniers de la mairie, où il siégeait (c’est aujourd’hui la Préfecture de police), à la prison de l’Abbaye. De ces prisonniers, plusieurs portaient l’habit qui excitait le plus violemment la haine du peuple, l’habit de ceux qui organisaient la guerre civile du Midi et de la Vendée, l’habit ecclésiastique. Au moment où le canon se fit entendre, des hommes armés pénètrent dans la prison de la mairie ; ils disent aux prisonniers qu’il faut aller à l’Abbaye. Cette invasion se fît non par une masse du peuple, mais par des soldats, des fédérés de Marseille ou d’Avignon ; ce qui semble indiquer que la chose ne fut point fortuite, mais autorisée ; que le comité, par une autorisation au moins verbale, livra ses prisonniers à la mort.

On eût pu fort aisément les massacrer dans la prison ; mais la chose n’eût pu être présentée comme un acte spontané du peuple. Il fallait qu’il y eût une apparence de hasard ; s’ils avaient fait la route à pied, le hasard eût servi plus vite l’intention des massacreurs ; mais ils demandèrent des fiacres. Les vingt-quatre prisonniers se placèrent dans six