Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/215

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bler ces meurtriers dans l’exercice de leurs fonctions ; seulement on se hasardait à leur voler des prisonniers, qu’on cachait dans l’église voisine.

L’habitude était venue, les meurtriers ne voulaient plus, ne pouvaient plus faire autre chose. C’était une profession. Ils paraissaient se regarder eux-mêmes comme de vrais fonctionnaires chargés d’exécuter la justice du peuple souverain. La Commune déclara, le 4, qu’elle était affligée des excès de la Force et de l’Abbaye, elle y envoya ; mais, en même temps, elle refusa de sauver les infortunés de Bicêtre en leur permettant de s’enrôler. Le conseil général, devenu très peu nombreux, n’avait plus que les violents. Il invita les sections à compléter le nombre de leurs commissaires. Ainsi les élections municipales eurent lieu en pleine terreur, pendant le massacre. Celles de la Convention se firent sous la même influence. Le premier élu de Paris, le 5 septembre, fut Robespierre.

Rien n’indiquait que la Commune voulût sérieusement arrêter l’effusion du sang. On lui proposa, le 4 et le 6, d’amnistier une classe d’hommes qui restaient dans des transes mortelles, les vingt ou trente mille signataires des pétitions fayettistes et constitutionnelles en faveur du roi. Un grand nombre de volontaires qui partaient pour les armées avaient fait généreusement le serment d’oublier l’erreur de leurs frères. La Commune repoussa violemment la proposition de voter l’oubli.

Le 4, la commission extraordinaire de l’Assemblée