Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/226

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croit plus sage de ne rien faire, de laisser les choses dans l’état même où elles sont ; elle garde le prisonnier.

Danton avait très bien prévu le conflit. Le lendemain même du jour où il envoya à Melun, il se munit d’un décret de l’Assemblée (8 septembre) qui chargeait le pouvoir exécutif (c’est-à-dire Danton) de statuer sur la légalité de l’arrestation de Duport. Par cet acte vigoureux, Danton arrachait à la Commune sa victime ; c’était la première fois qu’il était courageux contre elle, qu’il osait s’élever contre, démentait sa fausse unanimité avec les hommes de sang.

Duport resta à Melun ; mais Danton n’osa pas pousser plus loin son avantage. Il pria le comité de surveillance de communiquer les pièces aux tribunaux. Le comité répondit durement qu’il n’avait que faire de pièces pour arrêter un tel homme, que d’ailleurs on avait saisi sur Duport des lettres singulièrement suspectes. Le comité se sentait fort. Les massacres s’étaient traduits immédiatement en élections favorables à la Commune. Dans les jours de terreur, où les assemblées électorales étaient peu nombreuses, les violents avaient beau jeu. Le 5, ils élurent Robespierre, et Marat le 8. Deux jours après le massacre de Versailles, le 11, furent élus Panis et Sergent.

Marat crut pouvoir alors pousser Danton à bout, le mettre en demeure de prendre un parti plus net qu’il n’avait fait jusqu’ici. Il le tenait cruellement