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Voilà comment les choses se passèrent dans presque toute la France. Le mari résista, l’homme resta fidèle à la Révolution.

Dans la Vendée, dans une grande partie de l’Anjou, du Maine et de la Bretagne, la femme l’emporta, la femme et le prêtre, étroitement unis.

Rien ne l’eût fait prévoir. Les paysans de l’Ouest n’avaient pas été aussi insensibles qu’on le croit au premier, au sublime éclair de la Révolution. On avait vu, en 1790, à la fédération du Mans, ces mêmes paysans, qui plus tard devinrent les chouans, rendre hommage à la Liberté et, pleins d’émotion, baiser l’autel du dieu inconnu.

Laissons les pastorales[1] qu’on nous a faites sur la vie patriarcale des contrées de l’Ouest avant la Révolution. Les seigneurs endettés, dans la Vendée tout comme ailleurs, n’étaient, ne pouvaient être les patrons débonnaires qu’on nous a peints. Qu’ils le voulussent ou non, ils livraient leurs fermiers aux hommes d’affaires auxquels ils engageaient leurs biens. Il y parut en 1789, où les gens de Maulévrier prirent les armes contre ces corbeaux qui venaient les dévorer. La rancune du paysan contre

  1. Les romans vendéens (de Mme de La Rochejaquelein et autres) ont trouvé des réfutations et des contradictions très graves dans plusieurs historiens royalistes, dans Lebouvier-Desmortiers, Vauban, etc. Enfin sont venues les Publications de pièces et d’actes qui ont prouvé que dans ces romans pas un fait, pas une date n’étaient exacts ; ils se sont écroulés, et il n’en reste rien — Voir le recueil intitulé : Guerres des Vendéens, par un officier de la République, 1824, six volumes. Il donne, outre les actes, les notes et rapports de Kléber et autres généraux, dont la véracité loyale n’a jamais été mise en doute.