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leur revenu. À ce prix, ils avaient un sauf-conduit pour eux, pour leurs propriétés, ils étaient garantis des pillages royalistes. Et, de l’autre côté l’association les garantissait aussi, en leur permettant, leur ordonnant de s’unir, de se marier avec les autorités constituées, jusqu’à ce qu’on pût les trahir.

Un nombre considérable de nobles trouvèrent cet arrangement commode, souscrivirent, donnèrent leur nom et de l’argent. Ils se trouvaient ainsi tout doucement compromis, engagés sans s’en apercevoir, lancés dans la guerre même qu’ils voulaient éviter. Il était évident que le jour où l’association serait découverte, les associés les plus pacifiques seraient bien obligés d’armer pour leur défense, s’ils ne voulaient être arrêtés.

Ce qui précipitait La Rouërie et pouvait l’obliger de brusquer les choses, c’est qu’il avait comme un rival dans Botherel, ex-procureur-syndic des États de Bretagne, qui dirigeait les émigrés de Jersey et Guernesey, sous la protection de l’Angleterre, les flattant de l’espoir d’une flotte anglaise qui les débarquerait. La Rouërie lui opposait Coblentz, les princes, frères du roi. Il obtint en effet des princes une commission (2 mars 1792), qui lui donnait tous les pouvoirs et le nommait chef des royalistes de l’Ouest, ordonnait de lui obéir.

Il y avait si peu d’entente entre les royalistes que La Rouërie voulait attendre, pour grossir l’association, un signal fortuit de guerre civile parti des Tuileries. Dans les premiers jours de juillet, les