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préparer un projet de loi contre les provocateurs au meurtre, et sur une garde départementale qu’on donnerait à la Convention. Déjà Roland, dans un rapport, avait insisté sur la nécessité de faire garder la Convention et de l’entourer de soldats.

Rien n’était plus impolitique qu’une telle défiance pour Paris. Qu’est-ce que Paris, sinon la France, une population mixte de tout département ? Cette population était-elle coupable pour septembre ? Nullement, on l’a vu. Si la Commune avait provoqué ou toléré le massacre, si la garde nationale n’avait pu rien faire, qui fallait-il accuser ? L’Assemblée. À elle, à elle seule, d’organiser et la Commune et la garde nationale, de manière à garantir l’ordre public.

Au défaut de la Législative, la Convention devait le faire. C’était sur cette question, non sur la question irritante d’une garde départementale, qu’on devait placer le débat. Mettre en suspicion Paris, la tête et le cœur de la France, c’était chose injuste, insensée. Il fallait, au contraire, en appeler à Paris même, lui montrer confiance, mettre le vrai Paris en voie de parler et d’agir, contenir la Commune si elle était tyrannique, la replacer sous la main de la Convention, rétablir ainsi l’unité.

La Convention ne courait aucun risque à cette époque. Il y avait autour de la jeune Assemblée un espoir immense. On appelait à elle de tous les maux, on se fiait à elle, on croyait en elle. Que craignait-elle, lorsque le grand agitateur, le terrible tribun du peuple, le futur dictateur, Danton, venait, dès la