Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

changent en certitude… Ah ! que le jour de l’égalité luise enfin sur notre malheureuse patrie ; que les citoyens ne soient pas constamment occupés à se surprendre, à se tendre des pièges, à nourrir des défiances. C’est à vous, législateurs, à préparer les esprits. Craignez plus la haine et les reproches de la postérité que le poignard des factieux et le glaive des étrangers. »

À ces légitimes accusations du peuple sur les divisions de ses représentants, la Convention a pourtant laissé un mot en réponse, qui est comme son testament pour l’avenir, son excuse au tribunal des siècles. C’est la parole d’Isnard, à la fin de la belle adresse du 23 février 1793, pour la levée des trois cent mille hommes. Quoiqu’il soit trop tôt encore, nous ne pouvons nous empêcher de la citer ici :

« Soldats ! matelots ! qu’une émulation salutaire vous anime, que les mêmes succès vous couronnent ! Si vous mourez au champ d’honneur, rien n’égalera votre gloire ; vos noms resteront gravés au fronton du grand édifice de la liberté du monde. Les générations diront en les lisant : « Les voilà ces héros qui brisèrent les fers de l’espèce humaine et se dévouèrent pour nous lorsque nous n’existions pas !… » — (Puis de l’armée revenant à la Convention, des soldats aux législateurs.) Nous aussi, fermes à notre poste, nous donnerons l’exemple du courage et du dévouement ; nous attendrons, s’il le faut, la mort sur nos chaises curules… On vous dit