Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/429

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n’arriva plus à propos ; nos volontaires parisiens, menés par Dampierre[1], sous un feu terrible, avaient déjà fait un pas, emporté l’étage inférieur des triples redoutes ; Dampierre, marchant seul devant eux, les entraîna avec le régiment de Flandre. Portés ainsi en avant, ils étaient en plus grand péril, et ils ne reculaient pas. Ils étaient là, sous les yeux des soldats de ligne, des troupes de Dumouriez, fort attachés au général, qui n’aimaient pas ces volontaires et regardaient froidement s’ils resteraient fermes. Sur eux justement plongeait le feu des redoutes d’en haut, et de loin encore, un de nos généraux, ne les reconnaissant pas, leur envoyait des boulets. Ils ne bougeaient ; au moindre mouvement, un magnifique corps de dragons impériaux était prêt à les sabrer. Enfin Dumouriez arrive. Il trouve nos Parisiens fort émus, fort sombres. Les bataillons jacobins se croyaient amenés là pour être hachés en pièces. Cependant là aussi se trouvait en ligne le bataillon des Lombards, d’opinion girondine. L’émulation des deux partis, continuée sur le champ de bataille, ne contribuait pas peu à les rendre fermes. Il n’en était pas de même de la cavalerie, qui flottait un peu. Dumouriez y court ; mais, pen-

  1. Dumouriez dit hardiment que Dampierre n’y était pas. Mais je le trouve si souvent en flagrant délit de mensonge que je n’y fais aucune attention. Par exemple, c’est Kellermann, selon lui, qui a laissé échapper les Prussiens.

    Autre mensonge : Dumouriez a fait en octobre un plan pour conquérir la Savoie, et elle était déjà conquise en septembre. — Il prétend que les Girondins (auteurs et conseillers principaux de la guerre) désiraient que la guerre tournât mal ! etc.