Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/454

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Nous en avons ! Foi vraiment admirable. Nous en ferons, aurait été mieux dit.

Chose étrange ! presque au même moment, M. Pitt disait au Parlement : « Plus on doit et plus on est riche. » Et il accumulait, en preuve, des chiffres absurdes et qui ne prouvaient rien. Le Parlement, plein de foi, parut dire, comme saint Augustin, Credo, quia absurdum.

La France et l’Angleterre, à leur entrée au grand duel, s’y lancent par un acte de foi.

Cambon, pour gage du papier, montrait, il est vrai, de la terre. Mais cette immensité de terre pouvait-elle être sur-le-champ achetée ?

Pitt, pour gage, ne montrait rien du tout. Le gage, qui n’était pas encore, c’était la force énorme de production industrielle et de richesse que deux hommes allaient découvrir, Arkwright et Watt. Tout se trouvait hypothéqué sur l’avenir et l’invisible, sur l’air et la vapeur. Elle allait donner un corps aux absurdités de Pitt.

Cambon croyait fortement, il en avait besoin. Sa foi robuste était mise à l’épreuve, de moment en en moment, par les vides, les creux, les abîmes qui se faisaient sous lui. Il les comblait, de toute chose, toujours pour un moment ; l’implacable abîme restait béant et demandait toujours.

On en mesurait difficilement la profondeur dès 1792. Et lorsqu’il fallut sérieusement organiser une armée, non pas sur le papier comme avait fait Narbonne, mais en réalité, ce fut comme un nouveau