Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/485

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pour les départements. Roland l’arrête et la dénonce à la Convention. Celle-ci paraît enfin sensible à la piqûre ; elle commence à sentir un peu à l’épiderme, quand le fer lui va jusqu’aux os. Si, dans un tel moment, la Gironde eût proposé simplement de casser la Commune, elle l’était. Barbaroux la sauva en dépassant le but, demandant trop contre elle. Il voulait non seulement qu’on appelât les fédérés à Paris, mais : que la Convention se constituât en cour de justice ; — mais : qu’on déclarât qu’une ville où la représentation nationale serait avilie perdrait le droit de posséder le corps législatif. Demande insensée, qui semblait vouloir faire la guerre à la ville de Paris, au moment même où cette ville, par son unanimité en faveur de Pétion, venait de se montrer contraire à la Commune et favorable à l’Assemblée. Dans la Commune même, il fallait distinguer. Frapper indistinctement la Commune du 10 août, c’était combler les vœux des royalistes ; une assemblée républicaine devait, dans la Commune, respecter le 10 août, qui était la République, isoler, frapper les meneurs. Cambon le proposa en vain : Faites-vous apporter les registres, dit-il avec bon sens, vous verrez si le délit est celui du corps tout entier ou de quelques individus. »

La Convention, pouvant avoir des faits, aima mieux des paroles. Elle manda dix membres de la Commune, pour dire ce que vraiment la Commune avait ordonné. Les meneurs, heureux d’être quittes pour des mots, des mensonges, dépassèrent, en ce sens,