Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/490

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prétendit que c’était une injure et fit ôter ce mot, voter l’ordre du jour pur et simple, ce qui eut l’effet grave d’effacer dans l’opinion le discours de Barère. Robespierre, qui, au début de la séance, était un accusé sur la sellette, triompha à la fin et se trouva très haut.

Quoiqu’une fraction de la Gironde, la coterie Roland, eût seule attaqué Robespierre, le parti tout entier en restait compromis. Il était trop visible que la Gironde n’était pas soutenue du centre, de la grande masse de la Convention. Paris vit bien que la Gironde elle-même, divisée en fractions, ne vaincrait pas, et, avec un instinct de prudence excessive, il commença à lâcher pied et ne la soutint plus. La Gironde, unie, au 15 octobre, d’accord avec le centre, avait enlevé dans Paris l’unanimité pour Pétion. Divisée, ébranlée par ses fautes, ses discordes et par l’envie du centre, elle vit, du 15 au 30 novembre, Paris flotter, s’éloigner d’elle, s’en rapprocher, mais avec peine, pour peu de temps sans doute. Pendant plusieurs jours que dura l’élection du nouveau maire (Pétion avait refusé), l’homme de Robespierre, Lhuillier, ex-cordonnier de la rue Mauconseil, balança le candidat girondin, le médecin Chambon, qui, de guerre lasse, fut nommé à grand’peine.

Signe grave et sinistre pour la Gironde. Elle allait être entraînée. Elle ne pouvait refuser à la Montagne de la suivre sur le terrain scabreux, sanglant du procès du roi. Et là encore, elle était