Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/106

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l’Évêché voulait faire, l’insurrection brutale, la violation ouverte, publique, de la Convention.

Les allées et venues de l’Hôtel de Ville aux Tuileries, des Tuileries à l’Hôtel de Ville, demandèrent une heure environ. L’heure fut remplie, la scène occupée par des incidents divers. Les commissaires envoyés à Marseille vinrent faire leur rapport. Levasseur fit un discours violent contre la Gironde, demandant l’arrestation, non provisoire, mais définitive. Montagnard honnête, héroïque, homme d’élan et d’avant-garde, du reste simple et crédule en proportion de son fanatisme, il chargea sur la Gironde, comme il aurait fait à l’armée du Nord sur les hussards autrichiens.

Enfin Barère arriva et lut le rapport du Comité de salut public : « Le Comité, dit-il, par respect pour la situation de la Convention, n’a pas cru devoir proposer l’arrestation ; il s’adresse au patriotisme, à la générosité, et demande aux membres accusés la suspension volontaire de leurs pouvoirs pour un temps déterminé. »

Isnard se leva immédiatement et, sans hésiter, s’immola comme victime expiatoire. Sa violence, son anathème insensé contre Paris avait plus qu’aucune chose servi de prétexte à l’insurrection. Plus qu’à nul autre, il lui appartenait d’expier, de s’humilier. Esprit faible, autant que sombre, hier athée, demain

    ne s’effaçait. Il demanda en grâce à Camille Desmoulins de lui faire donner un grade dans l’armée, une occasion d’aller se faire tuer. Il périt en effet, mais ici, sur la guillotine, enveloppé dans la conspiration des étrangers.