Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/136

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emportait tout vers lui. Elle croyait (je pense, à tort) qu’il désirait le pouvoir. Il ne voulait rien que l’autorité.

C’était moins, et c’était plus. Il avait le tempérament prêtre et, comme tel, ambitionnait avant tout la domination des esprits.

La Convention, très éloignée de deviner ce caractère, crut n’avoir pas un moment à perdre, en rentrant le 3 juin pour lui fermer le pouvoir.

Un Montagnard modéré, Cambacérès, collègue de Cambon dans le département de l’Hérault, et qui, sans être dantoniste, avait deux fois, dans deux grandes circonstances, exprimé la pensée de Danton et celle de l’Assemblée, cette fois encore, sans phrase, sans passion, formula en une seule ligne le sentiment de la Convention :

« L’Assemblée change ses comités, moins son Comité de salut public. » — Voté unanimement.

Ce qui voulait dire :

1o La Convention subira le fait accompli ; elle ouvre à la Montagne ses comités, que remplissait la Gironde ;

2o Elle n’ouvre pas son comité de gouvernement à l’homme qui couvre l’insurrection de son autorité morale ;

3o Ce comité qui, presque unanimement, a protesté d’avance contre le 31 mai, qui a entravé, tant qu’il a pu, le 2 juin, elle le maintient et le défend pour avoir défendu la loi.

Ce vote était très propre à calmer les départe-