Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

injuste, il fallait confesser l’une ou l’autre foi, ou reculer dans le passé, comme l’Empire a fait franchement, ou suivre la voie révolutionnaire contre la théologie arbitraire de la Grâce et du privilège, et mettre en tête de la Loi le nom du Dieu nouveau : Justice.

Cette première ligne écrite et la religion fondée, la constitution de 1793 n’aurait pas pu faire la chute qu’elle fait à la seconde ligne, où, pour but à la société, elle assigne : le bonheur (le bonheur commun).

La constitution girondine donnait à la société pour but : le maintien des droits. Et Robespierre lui-même indiquait ce but dans sa première Déclaration présentée aux Jacobins. Solution plus élevée sans doute que le bonheur, mais toutefois incomplète, négative plus que positive, de défense plus que d’action, plutôt privative de mal que créatrice de bien.

Ni la constitution girondine ni la jacobine ne partent de la Justice et du Devoir. De là leur stérilité.

Le 21-24 avril 1793, Robespierre, en concurrence avec le Girondin Ducos, avait demandé, comme lui, que les pauvres fussent dispensés de contribuer aux dépenses, c’est-à-dire que les propriétaires seuls payassent l’impôt. Après la chute de la Gironde, il rétracta cela expressément et dit, le 17 juin, que ce serait faire injure au peuple de le priver de contribuer. La voie fut ainsi ouverte par Robespierre dans un sens favorable à la propriété. C’est alors que, le 22-24 juin, Jean-Bon Saint-André (et non Robespierre) proposa et fît décréter la loi étrange et