Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Romme. Les bonnes paroles, l’argent, les promesses, rien ne fut épargné pour la Normandie. La voie fut ainsi ouverte à la sagesse de Lindet, qui, Normand lui-même, ménagea habilement ses compatriotes.

Les Girondins, il faut le dire, contribuèrent beaucoup à leur perte.

Le sentiment de leur honneur, de leur innocence, poussa Vergniaud et Valazé à repousser tout compromis. Ils déclarèrent ne vouloir que justice. Très mal gardés dans les commencements, ils pouvaient échapper, comme d’autres. Ils restèrent à Paris prisonniers volontaires avec une douzaine de leurs amis, résignés à périr, s’ils n’obtenaient leur réintégration et la victoire du droit. Loin de se laisser oublier, de moments en moments, ils écrivaient à la Convention des paroles violentes, lui lançaient un remords. Ils ne demandaient rien que ce qu’elle avait décrété elle-même ; ils s’en tenaient à sa décision du 2 juin : la Commune fournira les pièces et le rapport sera fait sous trois jours. « Qu’ils prouvent, disait Vergniaud, qu’ils prouvent que nous sommes coupables ; sinon qu’ils portent eux-mêmes leur tête sur l’échafaud. »

Quand Barère, le 6 juin, vint au nom du Comité de salut public demander à la Montagne de donner des otages aux départements, les Girondins qui restaient à la Convention, Ducos, Fonfrède, s’y opposèrent : « Cette mesure, dirent-ils, est mesquine et pusillanime. » Ils soutinrent avec Robespierre, qu’il fallait un jugement. Ils prétendaient