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lui-même l’objet des accusations jacobines. Il se créa un moyen de salut en ouvrant la porte du Comité aux robespierristes. Le 13, il proposa une distribution du Comité en sections, et dans cette division on leur fit la meilleure part[1].

La section principale, celle qui donnait tout le maniement clés affaires (correspondance générale), se composa de Couthon et de Saint-Just, de plus, du juriste Berlier, homme spécial, nullement politique, qui ne gênait guère ses collègues. Le quatrième membre enfin fut Cambon, fort attaqué et inquiet, absorbé et englouti dans l’enfer de nos finances, vivant, mangeant et couchant à la trésorerie ; tiraillé de cent côtés, dévoré par les mille besoins de l’intérieur et de la guerre, poursuivant dans le chaos sa création nouvelle, comme une île volcanique sur la mer de feu où la Révolution devait jeter l’ancre : c’est la création du grand-livre.

Donc la section principale du Comité gouvernant fut en deux hommes seulement. Cette section de correspondance générale ne correspondait pas seulement par écrit ; elle répondait de vive voix aux membres de la Convention, aux députations, aux particuliers. Tous ceux enfin qui avaient affaire au Comité de salut public étaient reçus par Couthon et Saint-Just dans la salle à deux colonnes. Tout le grand mouvement du dehors

  1. Registres du Comité de salut public, 13-15 juin, p. 96, 107. (Archives nationales.)