Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/186

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raune, des Cordeliers, de la presse populaire, et suc cesseurs de Marat, ils paraissaient être l’avant-garde de la Révolution. Si Robespierre eût eu la force de les démasquer, qu’eût-il fait ? Il eût ouvert la porte à Jacques Roux, à Leclerc, aux enragés, qui les suivraient par derrière.

Il craignait encore moins les Hébertistes que les enragés. Pourquoi ? Les Hébertistes ne représentaient nulle idée, ils n’avaient nulle prétention de doctrine, rien que des convoitises et des intérêts ; c’étaient des fripons qui ne pouvaient manquer un matin d’être pris la main dans le sac et mis à la porte. Les enragés au contraire étaient des fanatiques, d’une portée inconnue, d’un fanatisme redoutable, emportés par un souffle vague encore, mais qui allait se fixer peut-être, prendre forme et poser une révolution en face de la Révolution.

Cette nécessité violente de frapper les enragés, d’humilier et mutiler les Cordeliers dans leur partie la plus vitale, entraînait pour la Montagne, spécialement pour Robespierre, une nécessité de bascule, celle de frapper sur la Gironde.

Le jour même où parla Jacques Roux, l’Assemblée, émue de quelques paroles attendrissantes du jeune Ducos, avait décidé que le rapport sur les Girondins se ferait enfin le lendemain 26. Après le discours de Jacques Roux, elle annula son décret sur la proposition de Robespierre.

Le rapporteur était Saint-Just. Il avait montré d’abord des sentiments fort modérés, offrant d’aller