Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/20

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cela. » Paris ne faisait rien. Paris restait chez lui.

Le comité d’insurrection qui se fit contre la Gironde fut si faible, si abandonné, que rien n’eût pu se faire sans l’aide des Jacobins (31 mai, 2 juin). Ceux-ci furent obligés d’agir. Robespierre avait espéré qu’il suffirait d’une insurrection morale, ou, pour parler plus clairement, d’une certaine pression de terreur, qui, sans trop de violences, déciderait l’Assemblée à se mutiler, à voter contre elle-même. Il fallut davantage, l’enfermer, l’entourer de baïonnettes, d’un petit corps payé, quand tout Paris était pour elle. Cela fut irritant pour la Montagne même. Ce qui le fut bien plus, c’est que les députés n’ayant pas pu passer et rentrant pleins de honte, l’homme de Robespierre, Couthon, dit : « Maintenant que vous êtes assurés de votre liberté, délibérons, votons. »

Insolente parole qui rendit bien des cœurs implacables pour Robespierre. Vraie tyrannie de prêtre qui s’impose contre l’évidence, qui contre le réel veut un acte de foi. C’est le commencement de la froide mystification que nos robespierristes continuent avec tant d’effort, répétant le mot d’ordre du 2 juin : Liberté ! Si l’on veut bien juger de cette liberté, qu’on lise la plate lettre que le Moniteur (prosterné toujours à chaque avènement) écrit le 18 juin au nouveau maître, s’excusant d’avoir imprimé les discours girondins, mais disant qu’il les mutilait, etc.

Robespierre éluda toute apparence du pouvoir,