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que chez les patauds, dans les armées républicaines, il y avait les plus grands hommes de guerre du siècle (et de tous les siècles), des hommes d’un tout autre ordre qu’eux, les Masséna, les Hoche, les Bonaparte.

Les masses vendéennes, qui suivaient ces chefs, éparses et confuses, eurent ce bonheur à Saumur de trouver les républicains moins organisés encore. Ceux-ci avaient avec eux cependant un organisateur habile. Berthier, le célèbre chef de l’état-major de l’Empereur. Mais Berthier, Menou, Coustard, Santerre, les généraux républicains, n’arrivèrent qu’au moment de la bataille. Ils ne purent rien que payer vaillamment de leur personne ; les deux premiers furent blessés et eurent plusieurs chevaux tués sous eux. Ils avaient contre eux à la fois l’indiscipline et la. trahison. La veille même, La Bochejaquelein déguisé avait dîné dans Saumur. Un garde d’artillerie fut surpris enclouant une pièce de canon. Dans le combat même, deux bataillons à qui Coustard ordonnait de garder le pont de Saumur, crièrent qu’il les trahissait et le mirent lui-même à la bouche d’un canon.

Avec tout cela, les Vendéens eurent peine à emporter l’affaire. La Rochejaquelein chargeait obstinément sur la droite sans voir que, toujours resserré entre le coteau et la rivière, il ne pouvait se déployer avec avantage. Ce fut à sept heures du soir que Cathelineau, montant sur une hauteur, vit nettement la difficulté. Il donna à la bataille une meilleure direction. On tourna les républicains. Les bataillons de formation nouvelle s’effrayèrent, se débandèrent,