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Mais son vrai Paris, c’était Nantes, la ville riche, la ville brillante du commerce des colonies, le Pérou et le Potose de l’imagination vendéenne.

La prise facile d’Angers, évacuée par les républicains, l’arrivée du jeune prince de Talmont à l’armée vendéenne, tout confirma celle-ci dans son projet d’attaquer Nantes. Talmont, second fils du duc de La Trémouille, avait des biens immenses dans l’Ouest, trois cents paroisses d’un seul côté de la Loire, et peut-être autant de l’autre. Les chefs vendéens, la plupart vassaux de Talmont, furent joyeux et fiers d’avoir un prince avec eux. Ils ne doutaient plus de rien. Un prince ! un évêque ! Maintenant qu’ils avaient tout cela, qui pouvait leur résister ?

Cependant, pour attaquer de tous côtés à la fois cette grande ville de Nantes, il fallait que l’armée d’Anjou fût aidée de la Vendée maritime, des hommes du Marais, de leur chef principal, Charette. Celui-ci n’avait nullement à se louer des nobles de la haute Vendée, qui ne parlaient de lui qu’avec mépris, et le prenaient jusque-là pour un simple chef de brigands, en quoi ils ne se trompaient guère.

Ceux qui voudront comprendre à fond ce singulier personnage doivent lire préalablement nos anciennes histoires des boucaniers et des flibustiers, celle de nos premiers colons du Canada et d’ailleurs, qui vivaient avec les sauvages et leur devenaient tout à fait semblables. Les Hurons leur donnaient volon-