Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/217

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rivière. Tous les chemins sont fermés ; aucun courrier n’arrive à nous. Nos subsistances sont pillées ; la famine va nous saisir. Au nom de l’humanité, donnez-nous de vos nouvelles. Adieu, frères, cet adieu est peut-être le dernier. »

On peut dire que, ni avant ni après le 2 juin, ni les Girondins ni les Montagnards ne firent rien pour Nantes[1]. Six cents hommes furent envoyés, en avril, à une ville noyée d’un déluge de cent mille barbares ! Le 13 juin, le Comité de salut public proposa d’envoyer mille hommes qu’offrait la ville de Paris. Ils n’y allèrent point, sauf quatre compagnies de canonniers parisiens. Nantes écrivait des adresses furieuses à la Convention. Le 22, elle lui apporta son dernier appel et comme son testament de mort. L’Assemblée vota un secours de cinq cent mille francs et l’envoi de représentants qui devaient essayer de ramasser quelques forces dans les départements voisins. Les Nantais, indignés, s’écrièrent en quittant la barre : « Vous nous abandonnez… eh bien, le torrent vous emportera ! »

La Convention, à vrai dire, croyait Nantes garantie par une armée. Le Comité de salut public n’avait jamais osé lui dévoiler franchement l’horreur de la situation ; à chaque mauvaise nouvelle il amusait l’Assemblée de quelques mensonges. En annonçant la défaite du 24 mai, il dit qu’on allait envoyer une

  1. Les Mémoires de Mercier du Rocher établissent parfaitement l’indifférence commune des deux partis. Le département de la Vendée n’eut réponse ni de Monge, ni de Bournonville, ni de Bouchotte, ni de la Convention.