Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/219

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Encore le Rhin et le Nord gardaient une espèce d’ordre. L’horreur du chaos, c’était la Vendée. Là, les généraux changeaient d’heure en heure. « On faisait généraux des hommes qui n’avaient jamais monté la garde. » Le vaudevilliste Ronsin devint général en trois jours. Bouchotte eut la faiblesse de le faire son adjoint, en sorte qu’il se faisait appeler général-ministre.

Robespierre et les Jacobins, maîtres du Comité de salut public à partir du 13 juin (par Saint-Just, Couthon, Jean-Bon Saint-André), ne pouvaient-ils faire quelque chose pour la réforme du ministère de la guerre, misérablement abandonné au dernier des Cordeliers ? La difficulté était celle-ci : Robespierre, comme on l’a vu à la fin de juin, avait humilié, divisé les Cordeliers. Fortifié d’une partie des Cordeliers (Marat, Legendre, Hébert, Chaumette) qui se rattachèrent à lui en cette circonstance, il avait arraché Paris aux Cordeliers enragés (Roux, Leclerc, etc.). Ge grand résultat fut acheté par l’influence qu’on laissa prendre aux Hébertistes au ministère de la guerre, surtout pour l’affaire vendéenne.

Paris les vomit en Vendée ; Ronsin s’y gorgea à plaisir, paradant en voiture découverte devant le front de l’armée, avec des filles publiques, avec un monde d’épaulettes, de jeunes polissons à moustaches qui n’avaient jamais fait la guerre que dans les cafés de Paris.

Ces braves avaient une excuse pour ne pas voir l’ennemi. Leurs troupes n’étaient pas formées. Les