Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/22

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bourg Saint-Antoine. Jamais il ne se montra dans les foules. Sa correcte tenue de ci-devant l’eût fait paraître prodigieusement déplacé.

Il n’y a jamais eu un peuple moins violent que le vrai Parisien. Si Londres avait souffert le dixième de ce qu’on souffrit ici, il y eût eu pillage, incendie. Paris prit la Bastille, fit le 10 août. En septembre, peu d’hommes agirent, et les vieillards m’ont dit : « Force Auvergnats, de rudes bêtes, des charabiats, des charbonniers, etc. Au 5 septembre 1793, où quelques milliers d’ouvriers affamés forcèrent Chaumette et la Commune d’aller à la Convention, ils ne voulaient rien que du pain (c’est Chaumette qui le dit) ». L’insolence des royalistes, qui cette fois encore criaient victoire à l’approche de l’ennemi, força de faire les lois de la Terreur.

Ce pauvre peuple, au coup de Wattignies, crut tout fini et éclata de joie. L’effet en fut très grand. Je le crois bien. La moisson était faite, le prix du pain baissait. Plus de nuit à attendre, plus de queue à la porte des boulangers. Le 20 octobre, deux nouvelles à la fois. « La victoire en chantant nous ouvre la barrière ! » D’une part, cent vingt mille Autrichiens repoussés ! de l’autre, la Vendée sortie de la Vendée ; elle a désespéré, elle s’est jetée, dans un désordre immense, au delà de la Loire. Enfin, ce monde de ténèbres, forcé hors de ses bois, ne fait plus de miracles. Ses prêtres charlatans, qui rôtissaient des hommes, sont convaincus, chassés. Grande joie pour Paris ! Le vin nouveau y fut