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Nantes ne manquait pas de chefs militaires. La population aimait beaucoup le général des dragons rouges de Bretagne, l’ex-chirurgien Beysser. C’était un Alsacien, très brave, buveur et rieur, l’un des beaux hommes de France. Il avait fait la guerre aux Indes. Il avait une confiance incroyable, qui souvent le faisait battre. Il chansonnait l’ennemi et fît des chansons jusque sous la guillotine. Inconséquent et léger, il n’était pas au niveau d’une affaire aussi grave que la défense de Nantes.

Un homme fort aimé aussi était le Girondin Coustard, créole intrépide, qui se fit Nantais et représenta Nantes à la Convention. Nous l’avons vu héroïque à la bataille de Saumur. Lui, il voulait défendre Nantes ou bien y périr. Sans nul doute, il avait senti que Nantes abandonnée serait l’opprobre éternel du parti girondin, la confirmation de tout ce qu’on disait de ses liaisons avec la Vendée. Nantes sauvée, au contraire, la Gironde était sauvée, du moins dans l’histoire.

Le maire de Nantes, Baco, autre Girondin, ex-procureur du roi, était un homme de robe fait pour les choses d’épée. Il voulait, le 13 mars, que, par toutes ses issues, Nantes sortît en armes et tombât sur l’ennemi. C’était un homme sanguin violent, impérieux, aristocrate de caractère, républicain de principes. Il plaisait au peuple par sa vigueur, par une sorte d’emphase héroïque qu’il avait dans le commandement, par sa blanche crinière de lion qu’il secouait orgueilleusement. On