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§3. — COMBAT DE MEURIS A NORT. — LA DÉLIVRANCE DE NANTES (27-29 JUIN 1793).


La sommation des Vendéens, apportée le 22 juin, demandait qu’on livrât la place et les deux représentants du peuple qui s’y trouvaient, promettant de garantir les personnes et les propriétés. C’était promettre plus qu’on eût pu tenir. Rien n’aurait arrêté la haine des paysans, ni la fureur du pillage. De trente lieues à la ronde, il venait des gens tout exprès pour piller Nantes. Naguère encore (1852), une vieille femme me disait : « Oh ! oui, j’y étais, au siège ; ma sœur et moi, nous avions apporté nos sacs. Nous comptions bien qu’on entrerait tout au moins jusqu’à la rue de la Casserie. » C’était celle des orfèvres. Quiconque voit, les jours de marché, la naïve admiration des paysans plantés devant les boutiques d’orfèvres, leur fixe contemplation, tenace et silencieuse, comprend à merveille pourquoi une si grande foule grossissait l’armée vendéenne et venait fêter la Saint-Pierre à la cathédrale de Nantes (dimanche 29 juin 1793).

Combien, en réalité, pouvaient être les Vendéens ? À Ancenis, d’Elbée fît préparer du pain et des logements pour quarante mille hommes. Mais ce nombre put s’accroître d’Ancenis à Nantes, par l’affluence des hommes de l’intérieur ou des côtes. Il faut y ajouter enfin l’armée de Charette, qui avait