Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/245

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il sauva l’autorité, en qui seule était le salut. Il l’empêcha de se dissoudre et de s’abandonner elle-même, et fut dans ces grandes circonstances le ferme gardien, le Terme, le fixe génie de la République.

Danton crut avec raison, par l’instinct de son cœur et de son génie, à l’unité réelle de la France républicaine, quand le monde croyait la voir irrémédiablement divisée, brisée d’un éternel divorce. Il laissa dire que les Girondins étaient royalistes, mais il vit parfaitement qu’en très grande majorité ils étaient républicains, et agit en conséquence. Et il eut le bonheur de les voir, en moins de trois mois, presque tous ralliés à la Convention.

Les violences, les fureurs, les folies des Girondins, ne lui imposèrent pas. Il ne fît nulle attention à toutes leurs grandes menaces. Il crut qu’en réalité ils ne feraient rien, rien du moins de décisif contre l’unité. Au total, il eut raison.

Nantes, qui menaçait la Convention, ne frappa que la Vendée. Bordeaux, avertie heureusement par l’insolence des royalistes, qui déjà vexaient les Girondins, Bordeaux revint à la Montagne. Pour Marseille, le général Doppet, Montagnard et Jacobin, affirme que la grande majorité de Marseille était dévouée à la République, qu’elle n’était qu’égarée, qu’on lui avait fait croire que la Montagne voulait faire roi Orléans, et que les troupes montagnardes portaient la cocarde blanche. « Les Marseillais, dit-il, furent bien surpris de voir que mes soldats portaient toujours, comme eux, la cocarde tricolore. »