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de la rive opposée furent repris par les troupes qui avaient fui la veille.

Frappant contraste. À Angers, devant l’ennemi, Phelippeaux rétablit les ponts, et à Saumur, à douze lieues de l’ennemi, Ronsin fît couper le pont de Saint-Just.

Ces deux hommes étaient désormais ennemis mortels. Phelippeaux, à Angers, avait accueilli, écouté des familles en pleurs, d’excellents patriotes, qui avaient vu leurs femmes massacrées, leurs filles violées par les bandes de Ronsin. Pour les faire taire, il les emprisonnait. Tel fut le sort horrible de la femme, de la fille d’un maire d’une ville importante, qui toutes deux en moururent de douleur.

Ronsin et Phelippeaux représentaient deux systèmes de guerre. Le premier venait d’obtenir du Comité de salut public (26 juillet) l’ordre de faire de la Vendée un désert, de brûler les haies, les enclos, et de faire refluer loin du pays toute la population. Le Comité paraissait ignorer qu’une moitié des Vendéens étaient d’excellents patriotes, qui, réduits à eux seuls, avaient une première fois, en 1792, étouffé la Vendée. Leur récompense était donc la ruine. De toute façon, il était singulier d’ordonner à une armée vaincue un tel abus de la victoire.

Phelippeaux désirait deux choses : sauver Nantes, y faire triompher la Montagne, en amnistiant, dominant la Gironde, et de Nantes, ainsi réunie, entraînant avec soi la Vendée patriote, frapper et terrasser la Vendée royaliste.