Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/326

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l’ennemi et contre la ville ; la bourgeoisie voulait se rendre et lâchait le peuple contre eux. Les émigrés étaient si furieux que, malgré la capitulation, malgré les Autrichiens, ils voulaient les tuer. Il leur fallut cacher leurs écharpes, prendre l’habit de soldat, passer confondus dans les troupes (28 juillet).

La Convention apprend les jours suivants qu’elle a perdu toute la frontière du Nord, que Cambrai est bloqué ;

Que le Rhin est perdu, Mayence rendu, Landau bloqué, l’ennemi aux portes de l’Alsace ;

Que, pour la seconde fois, les Vendéens vainqueurs ont dissipé l’armée de la Loire.

Qui accuser ? Les représentants ne méritaient que des couronnes civiques. Les revers étaient le résultat de la désorganisation générale. Le Comité de salut public, renouvelé depuis le 10 juillet, n’avait pu faire grand’chose encore. Il craignait néanmoins qu’on ne le rendît responsable et se rejetait sur la trahison. La perfidie d’un général, l’argent de l’étranger, telles étaient les explications que donnait le tremblant Barère. Les accusations de ce genre réussissent presque toujours auprès des assemblées émues et défiantes. Barère y excellait.

Les incendies qui éclataient dans nos ports et qu’on imputait aux Anglais portaient au comble l’irritation de la Convention. Elle déclara Pitt « l’ennemi du genre humain ». Quelqu’un voulait qu’on décrétât que tout homme avait le droit de le tuer.