Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/362

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départ, le nom des volontaires. Et le nom de 1793, grave et sombre, est réquisition.

N’importe, cette question, qu’on croit légère, se montre ici forte comme le destin. L’étranger avait dit : « Laissons dissiper ces fumées… Demain, découragés, ils laisseront tomber l’épée d’elle-même. » Et c’est tout le contraire, la nation, pour la première fois, apparaît vraiment militaire, avec ou sans enthousiasme, également héroïque. Pour la première fois, on le vit à Mayence. Cette épée qu’on croyait échappée des mains de ce peuple, il l’empoigne, il la serre, il l’applique à son cœur : « À moi, ma fiancée ! » Fidèle, elle le suit au Nil, au pôle. Il a beau disperser ses os, elle reste, cette épée fidèle, elle survit au naufrage de ses idées et de sa foi… peuple, n’es-tu donc qu’une épée ?

Revenons. Oui, 1793 fut fort grave, la dictature du peuple, des fédérés choisis par lui et fonctionnant sous ses représentants. Ces fédérés, gens simples (et beaucoup d’entre eux paysans), auraient-ils bien l’autorité efficace, décisive, rapide, pour exécuter cette grande chose, non seulement pour lever les hommes, mais pour nourrir l’armée, pour frapper les réquisitions ? Y faudrait-il des moyens de terreur ?

Pour les rendre inutiles, il fallait en parler. C’est ce que Danton fît à merveille : « Qu’ils sachent bien, les riches, les égoïstes, que nous n’abandonnerions la France qu’après l’avoir dévastée et rasée !… Qu’ils sachent bien qu’alors ils seraient