Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/386

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grand cœur d’un assassinat royaliste, qu’il eût été ravi d’être débarrassé de ses maîtres, Robespierre et Danton. Ces craintes, nullement ridicules, saisirent probablement les imaginations des amis inquiets qui gardaient Robespierre, de son hôte Duplay, de son imprimeur Nicolas, qui demeurait à sa porte et se faisait son garde du corps, l’escortant habituellement avec un énorme bâton. Les dames Duplay, vives, tendres, impérieuses, auront fermé la porte et tenu sous clé Robespierre. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne le vit pas le 5, et que les dantonistes seuls durent recevoir le choc de cette foule suspecte que menaient leurs ennemis.

Comment la nuit se passa-t-elle ? Les résultats du lendemain le disent assez.

La Commune s’entendit, non avec le Comité de salut public qu’elle croyait renverser, non avec Robespierre, son allié pour d’autres choses, mais qui n’eût point cédé pour la royauté de Paris. Elle s’adressa tout droit à ses ennemis, aux dantonistes, compromis par leur indulgence, harcelés par Hébert dans le Père Duchesne, dans les clubs. C’étaient eux véritablement qui avaient tout à craindre. Si Hébert ou Chaumette vinrent à eux dans la nuit, comme l’événement du lendemain le ferait croire, ils vinrent tenant en main, pour ainsi parler, l’outre des tempêtes, et disant qu’ils pouvaient la fermer ou l’ouvrir.

De tous les dantonistes, le plus compromis sans nul doute, un homme quasi perdu, c’était Bazire,