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temps. Le respect de Marceau pour Kléber, Kléber le rendait à Ganclaux. La déférence morale, la fraternité était admirable dans cette armée. Elle vivait d’une même âme. Tous ses chefs, Dubayet, Vimeux, Haxo, Beaupuy, Kléber, furent un faisceau d’amis. Joignons-y leur représentant chéri, Merlin (de Thionville), toujours à l’avant-garde, et qui ne se fût pas consolé de manquer un combat. Merlin était l’enfant de l’armée. Kléber conte avec complaisance ses hardis coups de tête. Le jour qu’on arriva à Nantes, dans la fête qu’on donna à l’armée sur la prairie de Mauves, Merlin saute dans une chaloupe, passe la Loire et va faire le coup de fusil avec les Vendéens.

Cette armée héroïque arrivait, mais dénuée de tout, sauf les couronnes civiques dont on l’avait chargée de ville en ville. Du reste, plus d’habits, ils étaient restés dans la redoute de Mayence ; ni vivres, ni souliers, ni chevaux. Tout ce qu’on envoya de Paris, Ronsin l’empêcha de passer, le garda pour lui à Saumur. Heureusement Phelippeaux était à Nantes. Avec ses fidèles amis du club Vincent, il parvint en huit jours, chose admirable, à équiper l’armée. La perfidie de Ronsin fut trompée encore une fois.

Les voilà donc en route, Kléber et Merlin en tête. Le très sage Canclaux faisait accompagner l’armée des meilleurs Montagnards du club de Vincent-la-Montagne, qui pussent au besoin témoigner pour lui et répondre aux calomnies de Saumur.

Les notes inestimables qu’a laissées Kléber nous permettent de suivre sa route. Il marchait par Glis-