Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/410

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qu’ils vous forçaient de boire, ils faisaient reculer les dantonistes, les stigmatisaient du nom d’indulgents.

Les Jacobins, poussés, défiés, marchant sous l’aiguillon, voulaient prouver leur énergie. Le 5, le 9, le 15, le 30, le 1er, des députations jacobines vinrent coup sur coup à la Convention la sommer de tenir parole.

Les Jacobins franchirent un pas bien grave. Ils se constituèrent juges, allèrent au Comité de sûreté générale, prirent le dossier de la Gironde, le rapportèrent chez eux, se chargeant d’instruire le procès, à la barbe du Comité et de la Convention.

L’Assemblée ne voyait que trop derrière les Jacobins le machiniste Hébert, tirant les fils. Elle fit, le 17, une tentative pour reprendre quelque chose de ce qu’elle avait cédé, le 5, à la Commune. Elle avait promis la loi des suspects, et elle la donna, mais autre qu’elle n’avait promis. Dans le projet du 5, les comités révolutionnaires, chargés d’arrêter les suspects étaient soumis à la Commune. Dans la loi du 17, ils l’étaient au Comité de sûreté générale de la Convention ; ils devaient lui envoyer leurs motifs et les papiers saisis. En d’autres termes, la Convention (et son Comité de sûreté) restait maîtresse de l’exécution de la loi, et si, dans cette loi de terreur, d’immense portée, qui enveloppait tout, on risquait d’enfermer la France, tout au moins l’Assemblée voulait garder la clé, ouvrir et fermer les prisons.

C’était neutraliser au profit de la Convention et