Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/417

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tistes, aussi juste qu’il le faisait aux Prussiens, Ronsin était perdu.

Il fallait écarter vivement et d’un mot toute cette défense du Comité qui n’avait là que faire. Que le Comité eût été faible pour les hébertistes, pour Bouchotte et Ronsin, c’était une question secondaire qu’on devait ajourner. Il fallait concentrer l’attaque sur la trahison de la Vendée. Bien loin qu’on accusât le Comité en cette affaire, le crime de Ronsin était justement de s’être moqué du plan adopté par le Comité, d’avoir fait écraser Kléber, que ce plan l’obligeait de soutenir. Si le Comité n’eût pas eu peur de la presse hébertiste, c’est lui qui aurait accusé Ronsin.

Robespierre profita des fautes avec une admirable présence d’esprit.

Il ne défendit pas les hébertistes et n’en dit pas un mot. Il les laissa hideusement découverts, percés à jour et dépendants de lui, qui dépendait d’eux jusque-là.

Il défendit le Comité, assez vaguement, en répétant ce qu’avait dit Barère, du reste se mettant à part et parlant pour son compte : « Si ma qualité de membre du Comité doit m’empêcher de m’expliquer avec une indépendance extrême, je dois l’abdiquer à l’instant, et, après m’être séparé de mes collègues (que j’estime et honore), je vais dire à mon pays des vérités nécessaires… » — Grande attente. Ces vérités, c’était qu’il existait un plan d'avilir, de paralyser la Convention. On veut que