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influence. Au tribunal, il mit les siens, des hommes à lui et qui lui appartenaient personnellement (Herman (d’Arras), Dumas, Coffinhal, Fleuriot, Duplay, Nicolas, Renaudin, Topino-Lebrun, Souberbielle, Vilatte, Payan, etc.). Au Comité, avec un art plus grand, une composition plus savante, il ne mit que deux hommes à lui, Lebas, David, deux hommes de son pays, Lebon, Guffroy, et pour le reste, des gens très compromis et d’autant plus dociles. Ce très grand tacticien savait qu’en révolution l’ennemi sert souvent mieux que l’ami. L’ami raisonne, examine et discute. L’ennemi, s’il a peur, va bien plus droit. Placé sur un rail de fer, il marche dans la voie rigide ; sachant bien qu’à droite et à gauche, c’est l’abîme, il marche très bien.

Qui était le plus consterné ? Le Comité de salut public. Il sentait trop que Robespierre, au 25 septembre, s’était défendu seul, qu’il avait vaincu seul, seul profité de la victoire. Un homme dominait la République.

Un homme en trois personnes : Robespierre, Couthon et Saint-Just.

Les cinq autres membres du Comité qui n’étaient pas en mission se trouvèrent d’accord sans s’être entendus. Le dantoniste Hérault, les impartiaux Barère, Prieur, Carnot, Billaud-Varennes, la Terreur pure, Collot-d’Herbois, avant-garde hébertiste, mais fort indépendant d’Hébert, tous, quelle que fût la diversité de leur nuance, agirent comme un seul homme contre Robespierre.