Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/432

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s’étaient jamais parlé. Les indulgents, les hébertistes, se virent et se donnèrent la main.

Les choses en étaient là, quand arriva le grand événement de Lyon, la clémence de Couthon, qui allait donner aux ligués une si forte prise contre Robespierre.

Pendant que les hébertistes recrutaient à Paris leur armée révolutionnaire, Couthon, sur son chemin, en avait fait une de paysans. De son pays natal, l’Auvergne, de la Haute-Loire et de toutes les contrées voisines, il entraînait la masse, ayant donné la solde incroyable de trois francs par jour. « Il faut les arrêter, disait Couthon ; deux cent mille hommes viendraient. » On réduisit la solde.

Couthon, attendu et désiré des Lyonnais, comme un sauveur qui les défendrait de Dubois-Crancé, reçoit leur soumission (8 octobre). Il ne juge nullement à propos de livrer un dernier combat pour fermer le passage à deux mille désespérés qui voulaient se faire jour, l’épée à la main. Il les laisse passer.

Le Comité, à cette nouvelle, sentit, frémit ; il reconnut cette politique inattendue, celle qui avait sauvé les soixante-treize : Régner par la clémence.

Que se passa-t-il dans le Comité ? Il est facile à deviner que Collot d’Herbois, que Billaud, que Barère, organes de la fureur commune, demandèrent ce qu’il adviendrait si, après avoir accompli toutes les hautes œuvres de la Révolution, poussé dans la terreur, dans le sang, jusqu’à la victoire, en