Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/439

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menait à Paris pour le guillotiner. Personne ne voulait commander. On fit la presse et l’on trouva Jourdan, qui, n’ayant jamais commandé, ne voulait pas d’abord, mais on le fît vouloir. Il se sacrifia.

Jourdan commence par chercher son armée. Elle était dispersée, pour manger le pays, n’ayant nul magasin, sur une ligne de trente lieues de long. Une bonne moitié était bloquée ou dans les garnisons, tristes recrues en veste et en sabots. Il prend vite aux Ardennes pour compléter l’armée du Nord et réunit à Guise environ quarante-cinq mille hommes.

Cobourg, qui venait de recevoir douze mille Hollandais et qui avait quatre —vingt mille soldats, ne daigna même pas appeler les Anglais, qui étaient à deux pas. Il laissa trente mille hommes, pour garder les affamés de Maubeuge, et lui, avec ses forces principales, il se posta à deux lieues, sur un enchaînement de collines, de villages boisés, ferme tous les chemins par des abatis d’arbres, couronne les hauteurs de superbes épaulements entre lesquels les canons montrent la gueule à l’ennemi. Dessous, sa ferme infanterie hongroise garde l’approche. Derrière, les masses autrichiennes et croates. De côté, dans la plaine, une cavalerie immense, la plus belle du monde, s’étalait au soleil, prête à sabrer les bataillons que l’artillerie aurait ébranlés ; le tout dirigé, surveillé, moins par Cobourg que par l’excellent général Clairfayt, le premier homme de guerre de l’empire autrichien.