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guillotinait Jourdan et Carnot, et le ridicule éternel les poursuivait dans l’avenir.

Le 16 du mois d’octobre 1793, à midi (l’heure précise où la tête de la reine tombait sur la place de la Révolution), Carnot, Jourdan, silencieux, marchaient avec la moitié de l’armée (et laissant derrière eux le vide !) — vers le plateau de Wattignies[1].

Wattignies est une position superbe, formidable, bordée d’une petite rivière, de deux ruisseaux, cernée de gorges étroites et profondes. La raideur de ces pentes pour remonter est rude, et au haut se trouvaient les plus féroces de l’armée ennemie, les Croates, les plus vaillants, les émigrés.

Le brouillard se lève à une heure. Le soleil montre aux Autrichiens une masse énorme d’infanterie en bas. Un cri immense éclate : « Vive la République ! » Trois colonnes montaient.

Elles montent. Et, de l’escarpement, les décharges les retardent. Elles montent, mais de leurs flancs, ouverts et fermés tour à tour, sortait la foudre, chaque colonne avait sa pièce d’artillerie volante. Rien ne charmait plus nos soldats. Ils ont toujours été amoureux de l’artillerie. Les canons étaient adorés. A la vigueur rapide dont ils étaient servis, à la mobilité parfaite dont les bataillons les facilitaient en s’ouvrant et se refermant, on eût pu

  1. L’ouvrage capital sur la bataille est celui de M. Piérart, de Maubeuge. Il donne avec une précision admirable le détail topographique, et les faits, les dates, toutes les circonstances, avec infiniment d’intérêt et de clarté.