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mier jour. Il devenait impossible de le dénouer sans le glaive. Il fallut à la lettre guillotiner le procès, afin de pouvoir ensuite guillotiner les accusés.

Le matin du 29 octobre, Fouquier-Tinville fait lire la loi sur l’accélération des jugements. Herman demande si les jurés sont suffisamment éclairés. Antonelle répond négativement.

Cependant on voulait finir. On court aux Jacobins. On obtient d’eux une députation pour demander à l’Assemblée de décréter qu’au troisième jour le jury peut se dire éclairé et fermer les débats. La minute du décret s’est retrouvée, écrite par Robespierre. Chose étrange ! ce fut un indulgent qui appuya la chose, le dantoniste Osselin. C’était lui-même un homme terrorisé, en péril ; il avait chez lui une jeune femme émigrée qu’il cachait. Dans son anxiété, il croyait se couvrir en donnant ce couteau pour en finir avec les Girondins. Lui-même il fut pris quelques jours après.

Le décret demanda du temps. Herman, pour passer quelques heures, pour empêcher surtout de parler Gensonné, le logicien de la Gironde, qui voulait résumer toute la défense, Herman interrogeait celui-ci, celui-là, sur des questions sans importance. Enfin, à huit heures du soir, arrive le décret. Pouvait-on l’appliquer dans une affaire commencée sous une autre législation ? On n’y regarda pas de si près. Le jury, sans preuve nouvelle et sans nouveau débat, après un jour passé à divaguer, se trouve éclairé tout à coup et le déclare.

Ils sont tous condamnés à mort.